mardi 9 février 2010

SANTÉ

[1] J.-P. Braly, « Le stock de cellules souches cancéreuses fluctue », La Recherche, février 2009, p. 24.
[2] P. R. Gupta et al., Cell, 4, 645, 2009.
ONCOLOGIE
Premier traitement contre les cellules souches cancéreuses
Réputées difficiles à traiter, les cellules souches cancéreuses sont à l'origine des récidives et des métastases. Une équipe américaine a identifié pour la première fois des molécules permettant de les supprimer.
Certaines cellules cancéreuses résistent à la chimiothérapie et à la radiothérapie. Selon une hypothèse controversée, elles correspondraient à un type particulier de cellules tumorales, seules capables de générer de nouvelles tumeurs dans le tissu initial ou en migrant vers d'autres organes [1] . Baptisées « cellules souches cancéreuses », elles présentent des caractéristiques communes avec les cellules souches saines : elles se renouvellent indéfiniment et peuvent se différencier en cellules de différents types.
Bien qu'elles constituent moins de 1 % des cellules tumorales, elles joueraient un rôle essentiel dans l'évolution de la maladie puisqu'elles seraient à l'origine des métastases et des récidives. Pour valider cette hypothèse, il fallait trouver des molécules permettant de lutter spécifiquement contre elles, et montrer que leur action limite la progression du cancer. C'est ce que vient de faire une équipe de l'université Harvard.
Pilotée par Eric Lander et Robert Weinberg, cette dernière a procédé à un « criblage à haut débit », une technique automatisée qui consiste à tester des milliers de molécules différentes sur des cellules in vitro [2] . Son utilisation n'allait pas de soi : elle requiert un grand nombre de cellules, alors que les cellules souches cancéreuses sont présentes en très petite quantité dans les tumeurs.
Pour surmonter cet obstacle, les biologistes ont créé en laboratoire des lignées cellulaires enrichies en cellules souches cancéreuses à partir de cellules du sein modifiées génétiquement. Ils ont ensuite testé sur elles 16 000 substances et en ont isolé 32 ayant un effet toxique. L'une d'elles, la salinomycine, les attaque de manière particulièrement sélective et efficace : administrée à des populations de cellules tumorales, elle divise par cent la proportion de cellules souches cancéreuses par rapport au paclitaxel, l'un des plus puissants anticancéreux actuels. Les biologistes ont ensuite transplanté des cellules cancéreuses chez des souris et ont traité les animaux avec de la salinomycine. Résultat : la croissance des tumeurs et la formation des métastases ont été sensiblement ralenties.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire